L'attelage Pédagogique

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Les reculements sur un attelage à 1

Partie intégrante de pratiquement tous les harnais, l’appareil de retenue – ou reculement - doit faire l’objet de réglages rigoureux pour une mise en œuvre optimale. Dans certains cas, on constate toutefois que le ou les reculements sont absents. Quelle est l’utilité de cette partie du harnais ? Pourquoi et comment l’utiliser ?

Le reculement est constitué par l’ensemble des cuirs situés sur l’arrière-main du cheval. Il comporte :

reculement

L’avaloire (nom féminin) a pour but d’empêcher la voiture de toucher le cheval lors d’un ralentissement, d’un arrêt, d’une descente ou d’un reculer.
Lorsque le cheval ralentit, par exemple quand il passe du trot au pas, la voiture continue d’avancer à sa vitesse initiale. Les brancards avancent donc le long des flancs du cheval jusqu’à ce que les courroies de reculement se tendent, amenant l’avaloire au contact des fesses du cheval. En s’appuyant sur les fesses du cheval, l’avaloire retient les brancards de la voiture, donc la voiture elle-même, et ainsi la ralentit. Au même moment, on peut observer que les traits se détendent. Lorsque la voiture s’adapte à la nouvelle vitesse du cheval, la courroie de reculement se re-détend et la traction reprend.

reculement

Lors d’un arrêt, il se passe exactement la même chose. Le cheval arrête d’abord sa masse, puis se prépare à recevoir la poussée qui va s’exercer sur ses fesses pour retenir la voiture. Les courroies de reculement se tendent, le cheval résiste en restant totalement immobile, la voiture s’arrête. La poussée cesse. En attelage, on recherche le plus possible des transitions progressives afin de ménager les efforts du cheval, que ce soit lors de la traction (poussée dans la bricole) ou lors de la retenue (poussée de l’avaloire sur le cheval).
La traction ne reprend que si le cheval repart en marche avant. Comme vous l’aurez compris, si le meneur demande un reculer, le cheval va appuyer son arrière-main dans l’avaloire en reculant et pousser la voiture en marche arrière.

En descente, la voiture acquiert de l’énergie cinétique qui lui fait prendre de la vitesse. Elle va donc pousser le cheval qui sera alors obligé de la retenir à chaque pas. Lors d’un arrêt en descente, le cheval retient la voiture pendant toute son immobilité. Il la retient toujours en repartant. Son effort est permanent avant, pendant et après l’arrêt.

reculement

En cas de forte pente, le meneur ne doit pas hésiter à faire descendre son coéquipier pour alléger le travail de retenue du cheval. « Qui veut aller loin, ménage sa monture. »
Dans certaines situations, le meneur peut également mener son cheval à partir du sol, c'est-à-dire à pied, à côté de la voiture, comme en longues rênes de ¾ : dans ce cas, le coéquipier se met à la tête du cheval, sans le tenir.
Dans toutes les situations où le coéquipier se met à la tête du cheval, il doit faire attention aux brancards, car selon les modèles de voitures, ceux-ci dépassent plus ou moins du cheval et une des pointes pourrait lui heurter le dos.

Les réglages, gages de l’efficacité.

Les réglages concernant la hauteur de l’avaloire et la longueur de la courroie de reculement sont très importants pour que l’ensemble ait une efficacité optimale tout en respectant la locomotion du cheval.
Le réglage en hauteur. Il se fait au moment de garnir, à l’aide des barres de fesses et est assez délicat :

« Une main », « 10 à 15 cm » sous la pointe de la fesse sont les paramètres habituels, mais constituent des notions assez incertaines car elles sont différentes en fonction du gabarit de l’équidé (shetland et cheval de sang).
Le réglage de la courroie de reculement se fait au moment d’atteler et est tout aussi minutieux :

Le réglage s’effectue en faisant osciller la voiture d’arrière en avant : vers l’arrière, la bricole est en contact, les traits sont tendus, les reculements sont détendus ; vers l’avant, l’avaloire entre en contact, les traits sont détendus, la voiture est à une distance de garde minimum.

Ne pas mettre de reculement ?

Vous rencontrerez sans doute des chevaux sans reculement : les trotteurs des courses attelées (PMU) n’en possèdent pas : le brancard est entièrement solidaire de la sellette ; le sulky, très léger, est freiné par le sanglage, tout comme il est tracté puisqu’il n’y a pas de traits non plus.
En attelage « classique », certains meneurs se passent de reculement. La voiture doit alors nécessairement être équipée d’un frein pour retenir ou ralentir la voiture à la place du cheval. Vous comprendrez que l’absence de reculement reste un handicap, car on ne peut pas reculer, même avec un frein !
En dressage, et parfois en maniabilité, certains équipages allègent le harnais du reculement pour des raisons essentiellement esthétiques. Plusieurs autres raisons permettent ce choix : les terrains sont généralement plats, les attelages n’ont pas besoin de reculer, pratiquement toutes les voitures sont équipées de frein, le lieu de la manifestation est « encadré ».
Les meneurs peuvent donc, sans prendre de risque, effectuer leurs épreuves sans reculement.

Le frein

Le frein n’existe pas sur toutes les voitures d’attelage. Son usage mérite qu’on s’y attarde.
Les chevaux doivent apprendre à retenir leur voiture au cas où le frein serait défaillant, c’est une sécurité. Retenir la voiture perturbe malgré tout la locomotion et déséquilibre le cheval. En dosant le freinage, lors des transitions descendantes et dans les descentes, on arrive à conserver le cheval en situation de légère traction. Il s’agit en fait d’aider le cheval à fonctionner correctement, en dosant savamment le freinage : soulager le cheval de la retenue de la voiture, sans lui imposer une traction excessive en freinant trop fort.
Voir dessin « frein-descente » ci-dessus.

En descente, un cheval qui ne retient jamais sa voiture peut à la longue se laisser « emporter » par la pente. Il est alors bon, de temps en temps, de lui laisser retenir la voiture pour lui apprendre à se gérer.
Par contre, quand le terrain est glissant, comme le macadam mouillé, le meneur gère la voiture avec le frein afin que son poids ne perturbe pas davantage la locomotion du cheval : celui-ci ayant plus de risque de glisser et de s’asseoir en cas de forte poussée de l’avaloire.
En randonnée, on ne peut prévoir les accidents de terrain, la défaillance du frein, la possibilité d’avoir à rebrousser chemin ou à changer l’itinéraire prévu : les chemins alors aléatoires, caillouteux, pentus, les rendent chaotiques. Ils peuvent ainsi faire rebondir la voiture, même au pas. Dans ce cas, le frein n’est d’aucune utilité. Seul le reculement permet de retenir la voiture et de garantir une distance « vitale » entre elle et les postérieurs du cheval.
Lors d’un freinage d’urgence, le meneur doit acquérir le reflexe de freiner la voiture en même temps que son cheval, lui épargnant ainsi bien des ennuis dans la bouche et dans les membres.
Les voitures de tradition possèdent un frein, mais il ne s’actionne pas au pied. Appelé aussi « mécanique » du fait de son fonctionnement (à manivelle, à crémaillère, à déclic…), il monopolise totalement une main et est absolument inadapté au freinage d’urgence.
Les voitures traditionnelles actuellement rénovées sont parfois rééquipées, en plus du frein d’origine, d’un second frein, au plancher, beaucoup plus pratique et sécurisant.

L’attache de la courroie

La courroie de reculement s’attache sur le brancard en passant dans un arrêtoir : sans arrêtoir, pas de retenue possible, la courroie glisserait le long du brancard.
Il y a différentes formules :

  1. tout simplement en s’enroulant dans le même sens plusieurs fois et en passant chaque tour dans l’arrêtoir
  2. en passant simplement le dernier tour dans l’arrêtoir, et/ou en servant de porte-trait.
  3. en faisant passer le dernier tour sous une boucle précédente avant de la refermer : ce dernier système est « autobloquant » : si la courroie lâche, si la boucle se défait, elle est serrée par sa seule tension. On n’utilise jamais ce système en marathon, où si la voiture verse, il faut pouvoir dételer très rapidement. Par contre, ça peut être utile en dressage ou en maniabilité, car cela permet de finir l’épreuve en toute sécurité, malgré la casse.

Dans un prochain article, nous verrons les éléments de retenue dans les attelages multiples : quels chevaux les portent, le fonctionnement par rapport au timon, les avantages et inconvénients de mettre des reculements ou de s’en passer.

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Lire aussi :
Galop 1 La courroie de reculement

Bibliographie :