S'équilibrer sur le siège du meneur
Peu d’enseignants sont intransigeants sur la façon de prendre place sur le siège du meneur. S’asseoir semble en effet être un acte anodin
tellement inné et à la portée de tous.
En fait, il ne s’agit pas seulement de poser ses fesses sur le siège du meneur, ou sur ce qui va servir de siège, mais bien de s’équilibrer !
Equilibrer le bas du corps puis équilibrer le haut du corps sont des habiletés primordiales pour le meneur. La position du bas du corps et sa
fixité assurent en effet l’indépendance du haut du corps, et par conséquent, la qualité de la liaison entre la main du meneur et la bouche
du cheval.
La position idéale
Le meneur assis doit être calé : le haut du corps est droit, les jambes semi-tendues, les talons réunis, les pieds solidement posés sur la coquille. Les coudes sont près des côtes, les mains à environ 10cm devant le milieu du corps, les poignets arrondis et flexibles.
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Le coussin de guides
C’est ce fameux siège incliné qui permet une meilleure position qu’un siège plat et large : souvent mobile et réglable en hauteur, en profondeur et dans la largeur (haut, arrière-avant, droite-gauche), il permet à toute taille de meneur d’avoir un appui correct portant sur les pieds, les fesses, mais également les cuisses jusqu’au genou et le bas du dos.
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Les barres situées derrière et sur les côtés du coussin de guides doivent être assez hautes pour éviter au meneur d’être éjecté, et l’idéal est que le siège ne se situe pas trop en arrière, afin que le meneur soit proche de son cheval. Comme aux longues rênes, le menage est plus aisé lorsque le dresseur est proche de son cheval.
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©Julia Guignot
Le degré d’inclinaison du siège idéal apporte un confort qui facilite le menage. Etre à l’aise confère un sentiment de sécurité. Il est,
par exemple, plus facile d’accéder au frein sans perdre son calage, ni son équilibre.
Le meneur dispose d’aplombs solides qui lui permettent d’agir, céder, résister sans avoir à mettre son poids dans l’action de ses mains, ni
à utiliser en permanence tous ses muscles. Le haut du corps est complètement indépendant, peut être gainé ou relâché selon les situations.
La fixité
En marathon, le meneur a recours à une « ceinture de sécurité ». En fait il s’agit d’une sangle, passée autour du bassin, dont une des courroies est tenue par un des coéquipiers et l’autre attachée à la voiture. Son rôle est d’assurer le maintien du meneur dans la voiture dans des situations extrêmes mais ne dispense pas d’apprendre à s’équilibrer correctement.
Et sans ?
Sur les sièges plats et larges, le meneur éprouve de grandes difficultés à se caler :
- ses fesses glissent sur le siège à droite et à gauche dans les virages.
- Sur les terrains variés, sans aller jusqu’à faire du marathon, la voiture fait sauter le meneur sur le siège.
- Assis au fond du siège, il est parfois impossible d’atteindre la coquille avec les pieds ou bien les pieds sur la coquille, le dossier se trouve trop loin derrière, privant dans les deux cas le meneur d’un de ses calages avant-arrière.
Dans le meilleur des cas, le meneur arrive à se caler en poussant énormément sur les pieds, afin de plaquer le bas du dos, les lombaires, mais le buste est en avant pour anticiper les déséquilibres. Les jambes sont souvent trop pliées, les talons écartés, le haut du corps balloté n’est pas indépendant, la main ne peut être fixe par rapport à la bouche du cheval : le menage manque de tact. Ces conditions sont exécrables pour apprendre.
Sur les sièges trop inclinés, le meneur glisse vers l’avant, ce sont alors les jambes qui portent le meneur. Cette position est fatigante
pour les longues sorties, et le cheval peut très facilement arracher le meneur du siège, simplement en trébuchant.
A l’inverse, sur les sièges trop courts, le meneur ressentira rapidement des douleurs, voire des crampes ou des engourdissements aux fesses,
là où porte tout son poids.
Dans toutes ces situations où l’installation est moyenne voire médiocre, des contractions se font sentir rapidement dans les doigts, les avant-bras, le haut du dos…etc. Mettre un coussin, installer une couverture derrière le dos et sur les côtés peuvent améliorer, de façon non négligeable, les conditions de pratique.
Le simulateur
C’est une excellente chose que d’utiliser le simulateur pour apprendre à manier les guides. Le simulateur ne met pourtant pas en condition de pouvoir résister et céder. Il met l’apprenti dans une position différente de celle qu’il aura dans la voiture : debout-instable contre assis-calé.
L’importance de la posture
La posture entraine un positionnement de la tête, positionnement qui permet la régulation, à son tour, de la posture, et ainsi de suite : une bonne posture permet une position privilégiée des organes, dits « de détection », situés dans le cou et la tête. Ces organes de détection ont un rôle très important dans la coordination motrice. Ils participent à l’analyse, à l’orientation, à la stabilisation et à la réadaptation pendant l’action. Le système nerveux intègre les informations apportées par ces organes et est ainsi capable de maintenir l’équilibre.
- Les organes visuels : stabilisation automatique de l’horizontalité du regard, orientation automatique des yeux en capture fovéale, repérage dans l’espace par la vision périphérique et sa fonction kinesthésique.
- Les organes labyrinthiques : récepteurs vestibulaires sensibles à la pesanteur, à la position dans les trois dimensions, et à l’accélération.
- Les organes contrôlant les reflexes myotatiques : sensibilité de l’articulation cervicale et informations proprioceptives associées (musculaires et articulaires)
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Les enseignants vraiment exigeants sur la position sont rares, que ce soit en équitation ou en attelage. Les élèves actuels les trouvent rébarbatifs au nom d’une revendication de « pratique de loisir ». Pourtant, la posture a un rôle vraiment important quels que soient le sport, l’activité, ou l’état d’esprit dans lequel on pratique.
Bibliographie :