Conduire un cheval attelé

pédagogie

Conduire UN cheval attelé :
Dans quelle position se servir de ses mains

Nous allons aborder les différents emplois de la main en fonction de chaque tenue de guides et leurs résultantes pour permettre au meneur, dans chaque cas, de faire tourner son cheval d’attelage.

Il faut bien comprendre que la technique qui sera employée par un débutant va se modifier et s’affiner au fur et à mesure de sa progression. Comme à cheval, un débutant et un confirmé n’emploient pas tout à fait les mêmes aides. La discrétion des aides de ce dernier, fruit de l’expérience, ajoute une impression de facilité qui pourra séduire le débutant avant qu’il ne se confronte lui-même à toute la difficulté d’un menage invisible.

La progression que je vais vous proposer est scrupuleusement celle que j’ai suivie auprès de J.F. Rigny, enseignant d’attelage, chef de caravane d’attelage et examinateur pour l’Union Equestre d’Ile de France.

Je pars toujours du principe que le débutant va suivre le circuit classique, c'est-à-dire apprendre à mener avec la tenue « au carré », avec un cheval d’école. Nous voyons certes beaucoup de meneurs tenir leurs guides comme les cavaliers tiennent les rênes, surtout sur les terrains de concours, et ce, quelle que soit l’épreuve présentée. Le fait de connaître et d’utiliser l’ensemble des tenues existantes permettra à chacun de choisir celle avec laquelle il souhaite travailler : ce choix, personnel, ne se portera d’ailleurs sans doute pas toujours sur la même tenue pour un même meneur, mais pourra plutôt être fonction des différentes situations qu’il sera amené à rencontrer.

Lutter contre soi-même

Pour le cavalier qui souhaite s’initier à l’attelage, il va falloir réapprendre à tenir les cuirs pour ensuite les utiliser, soit dans une seule main – position de base – soit avec deux mains –position d’aide – pour enfin terminer par la tenue au carré.

Comme nous l’avons vu le mois dernier, le cavalier devra également lutter contre lui-même lorsqu’il aura le réflexe d’utiliser une rêne d’ouverture, laquelle n’aboutira à aucun résultat probant.

Pour tous, le début du menage aura pour objectif de créer des automatismes : celui des passages d’une tenue de guides à une autre, et celui des différents déplacements de main dans chaque tenue de guides.

Ce fonctionnement instinctif s’acquiert par la répétition et se travaille donc beaucoup au simulateur, un outil indispensable qui permet de préserver la bouche du cheval pendant cette période d’apprentissage.

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Agir avec une guide pendant que l’autre cède.


1 guide dans chaque main

Cette tenue n’est que transitoire. Elle permet entre autre de mettre les guides sur le plat, et d’ajuster les deux guides à la même longueur. Utilisée pour mener, elle offre plusieurs avantages dont chacun a son importance dans la progression du menage :

Prendre le temps, et se mettre en situation de sentir vivre la bouche au bout de ses doigts ne sont jamais du temps perdu en attelage, car rappelons-le, les guides sont le seul lien constant entre le meneur et son cheval et déterminent la qualité de communication entre les deux êtres vivants.

Toutefois, mener une guide dans chaque main de cette manière présente quelques inconvénients, notamment celui de faire partir l’action des épaules et non des poignets, ce qui procure assez rapidement chez le meneur une fatigue musculaire, qui peut se traduire par des crampes dans la région dorsale.

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Cette façon de tourner avec une guide dans chaque main peut s’assimiler à la conduite d’un vélo, elle est donc très spontanée et facile. Tout au long de cet article, vous trouverez dans l’action de tourner : une guide bleue qui cède, une guide rouge qui agit.

Conduite à 1 main

Voilà la tenue la plus compliquée qu’il soit à utiliser au début, en dehors des lignes droites bien évidemment ! Deux déplacements permettent de faire tourner le cheval : le poignet pivote sur deux plans, puis la main se déplace vers la droite ou la gauche.

Simple, mais pas tant que cela : si le poignet est mal placé dans sa position neutre de départ, un des deux pivotements ne sera pas possible, donc un des deux tourners ne pourra être envisagé. D’autre part, si l’on désire accentuer une courbe, il faut déplacer la main, mais du côté opposé au virage, ce qui est loin d’être automatique !

Reprenons : dans la tenue à une main, la main gauche, les guides sont séparées par deux doigts, celle de gauche est au dessus de l’index, celle de droite est entre le majeur et l’annulaire. Le meneur tient le dos de sa main verticalement, le pouce de son côté, comme s’il tenait un verre d’eau.

Pour tourner, le meneur commence par mettre le dos de sa main horizontalement, il « renverse ainsi son verre d’eau ». Ce mouvement ne doit tendre et détendre aucune des deux guides. C’est seulement le pivotement suivant qui va le permettre :

Pour appuyer le virage, il suffit de déplacer plus ou moins la main sur le côté pour tendre encore plus la guide déjà tendue. Ainsi, pour tendre un peu plus la guide gauche, il faut éloigner la main du côté gauche de la commissure des lèvres, donc porter sa main à droite.

Etudions ces phénomènes grâce à des schémas.

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Le premier pivotement ne doit tendre aucune des deux guides. C’est seulement le second qui permet d’agir. Au niveau extrême du déplacement de la main vers la droite ou la gauche, le meneur peut sortir son index pour tendre encore un peu la guide.
Il est encore possible de laisser coulisser l’autre guide dans ses doigts, mais à ce moment, lors du retour en position neutre, il faudra réajuster la rêne qui a glissé.

Conduire à une main se révèle très utile lorsqu’on a besoin de faire un signe de l’autre main en circulation routière, de prendre et déposer le fouet, de l’utiliser, de prendre un mouchoir dans sa poche, de reposer la main droite…

Cette tenue à une main est appelée « position de base » et vous allez en comprendre la raison très facilement. C’est à partir de cette position que le meneur peut employer la tenue d’aide et/ou sortir le carré. C’est dans cette position que reviendront les guides après que le meneur ait rangé le carré, c’est également dans cette position que sont prises les guides lorsqu’il faut monter ou descendre de voiture.

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Dans tous les cas, le cheval doit regarder dans la direction où le meneur souhaite qu’il se dirige, en cédant à l’action de la guide intérieur à la courbe.

La position d’aide

Il s’agit toujours d’augmenter la tension d’une guide et de faire céder l’autre. La main droite se place devant et contre la main gauche, index au dessus de la guide gauche, le petit doigt en dessous de la guide droite. Cette particularité (le petit doigt sous la guide droite) ne faisait pas partie de la méthode officielle (jusqu’en 2002), mais c’est réellement plus pratique et bon nombre de meneurs utilisent cette technique depuis des décennies.

La main gauche immobilise le réglage des guides : aucune des deux guides ne s’allonge ni ne se raccourcit dans cette main, aucune ne glisse, la tenue est « fixe ».

La main droite va coulisser sur les guides vers l’avant, c'est-à-dire vers la croupe du cheval, sans que le meneur se penche en avant. A cette hauteur, la main pince la guide gauche entre l’index et le majeur, ou la guide droite entre l’annulaire et l’auriculaire, et laissera coulisser celle qu’elle ne pince pas.

Les deux mains se rejoignent progressivement, l’avancée de la main gauche peut précéder légèrement le retour de la main droite. Tout aussi progressivement, les mains reprendront leur place à la fin du virage pour que la main droite puisse libérer complètement la guide pincée et revenir à sa place contre la main gauche. Il est également possible pour la main droite de laisser coulisser la guide pincée en même temps que la main gauche revient à sa place : ces deux mouvements, comme ils ne sont pas symétriques, sont plus difficiles à gérer.

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En haut à gauche, la main droite pince la guide gauche. Lorsque la main gauche avance, la guide droite coulisse dans la main droite.
En haut à droite, la main droite pince la guide droite. Lorsque la main gauche avance, la guide gauche coulisse dans la main droite.

La tenue au carré

C’est à partir de la tenue précédente que le meneur peut sortir le carré : la main droite, plaquée contre la main gauche, tire la guide droite de la main gauche qui la laisse coulisser, puis la saisit entre le pouce et l’index. La guide droite est donc tenue comme une rêne de cavalier, c'est-à-dire à l’inverse de la guide gauche.

Cette opposition permet à un pivotement symétrique des deux poignets de tendre une guide et de faire céder l’autre, et inversement avec un pivotement des poignets dans l’autre sens.

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Le pivotement vers l’avant permet de tendre la guide droite et de céder dans la guide gauche. Le pivotement vers l’arrière permet de tendre la guide gauche et de céder dans la guide droite.

Avec le temps, le meneur affine ses actions qui finissent par devenir totalement invisibles : un frémissement du poignet ou des doigts suffit à faire comprendre à un cheval dressé finement la volonté du meneur. Cette utilisation discrète de la main prédispose les meneurs actuels à préférer une tenue plus simple et appropriée qui est finalement celle du cavalier.

Les guides comme des rênes

Les guides, moyen de transmission des informations entre le meneur et son cheval, sont pincées entre l’index et le pouce. La conversation entre la main et la bouche s’effectue par toute une panoplie d’effets sur les guides avec les trois autres doigts : vibration, frémissement, pianotage, caresse…ou résistance ferme. La dextérité est importante car les mors choisis pour cette discipline sont extrêmement précis eux aussi, comme nous l’avons vu le mois dernier.

Lorsque les guides sont tenues au carré, il est très difficile d’avoir des actions sur la guide gauche, car les trois autres doigts ne se situent pas entre le point de tenue dans la main et la bouche.

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Dans la tenue au carré, en haut, les doigts ne peuvent pas jouer sur la guide gauche, car ils ne sont pas entre le point de tenue de cette guide (la pince pouce-index) et la bouche. Au contraire, dans une tenue « cavalière » comme en bas, les doigts, situés entre le point de tenue et la bouche, ont la possibilité de transmettre des informations.

Ainsi cette dernière tenue de guides permet-elle de gérer plus facilement l’équilibre du cheval en attelage sportif. En effet, le meneur confirmé ne se contente plus de tourner à droite ou à gauche, mais fait entrer d’autres paramètres comme l’impulsion, l’équilibre latéral, l’équilibre longitudinal, la décontraction… notions que le débutant ne saurait appréhender et dont les principes théoriques doivent être approfondis parallèlement à la progression pratique du meneur.

En revanche, c’est effectivement à ce moment, que les choses deviennent vraiment intéressantes et que le cavalier confirmé trouvera une analogie avec sa pratique équestre : cheval en équilibre, en main, incurvé …

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Pendant que le coéquipier gère l’équilibre de la voiture, le meneur veille à celui du cheval : en terrain varié, ce travail permet d’aborder les obstacles avec un tracé précis.

Conduire un attelage à deux rangs

Pour les attelages à plusieurs rangs, le meneur doit tenir dans ses mains autant de paires de guides que de rangs. Pour un attelage à 4 ou pour un tandem, il a donc 2 paires de guides en main.
Il existe également différentes tenues de guides : « four in hand », méthode du duc d’Edimbourg, méthode hongroise …

Pour toutes ces tenues de guides, un seul système permet de faire tourner un rang sans faire tourner l’autre, c’est la formation de pelotons. En effet, les chevaux doivent tourner en se suivant, les uns après les autres, et non pas tous en même temps. Pendant que le meneur fait tourner le premier rang, le deuxième conserve son tracé. Quand les premiers sont en fin de courbe, les seconds sont encore dedans.

Sans entrer dans les détails, et simplement pour information, je vous présente une petite vidéo de cette manipulation qui requiert beaucoup de concentration et d’attention puisqu’il faut pouvoir l’exécuter toujours sans regarder ses mains.

Ici, c’est la tenue du Duc d’Edimbourg qui est choisie. « Pour tourner à gauche : peloton à gauche sur la guide gauche des volées (en haut dans la main gauche du meneur) ; opposition par peloton à droite sur la guide droite des timoniers (en bas, dans la main droite du meneur) ; si besoin second peloton à gauche sur les volées pour tourner à angle droit ou plus court. Puis laisser filer pour redresser l’ensemble » Guyone Dugast Rouillé. Copyright : les chevaux de Congor

Bien entendu, le menage en tandem ou à 4 ne saurait se résumer à cette petite présentation.

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Bibliographie :