L'attelage sportif :
qualités du meneur
L'attelage est-il un sport au même titre que les autres ? Au regard du profil de certains meneurs, on peut constater que les qualités
d'athlètes habituelles ne sont pas spécialement requises.
Si les meneurs peuvent se permettre d'être peu musclés et pas forcément jeunes par rapport à d'autres sportifs, c'est parce que ces
caractéristiques n'ont pas vraiment de conséquences sur la performance, elles ne contrarient que la force explosive, absolument inutile
dans la pratique de l'attelage.
Chaque sport se définit par des sollicitations motrices, une tactique sportive et un entrainement psychologique indispensable. Quelles sont les qualités sportives indispensables pour un meneur ?
Les qualités physiques
Objectifs Psychomoteurs | Définition | Comment cela se manifeste dans la pratique de l'attelage ? |
---|---|---|
Endurance | Capacité du sportif à résister à la fatigue : Musculature : endurance générale et locale Discipline : endurance générale et spécifique Production d'énergie musculaire : endurance aérobie et anaérobie Durée : l'endurance de longue durée participe à l'entretien générale et à la condition physique de base. Elle constitue un échauffement sans créer de véritable amélioration du potentiel aérobie. L'endurance de moyenne durée permet de s'approcher de la puissance maximale aérobie, l'endurance de courte durée développe la puissance maximale aérobie et la capacité lactique. L'endurance de vitesse augmente la puissance maximale aérobie et développe la capacité anaérobie alactique. |
Il y a très peu de dépenses énergétiques : 60 à 70% de VO2max La filière aérobie est la plus utilisée chez le meneur. La filière anaérobie est utilisée dans certaines phases réalisées en apnée : obstacles de marathon, concentration intense en maniabilité ou dressage, fonction du nombre de chevaux à manier... Entrainement possible mais pas indispensable : course à pied, exercices intermittents, circuit-training... |
Force | Force maximale : maximum de force que peut déployer le système neuro-musculaire pour une contraction maximale volontaire. Force générale : manifestation de la force de tous les groupes musculaires, indépendamment de la discipline sportive Force spécifique : manifestation typique de la force des groupes musculaires directement impliqués dans la discipline sportive. Force vitesse : capacité du système à surmonter des résistances avec la plus grande vitesse de contraction possible. Force endurance : endurance de la force La contraction peut être de type concentrique, excentrique, isométrique, pliométrique |
La participation musculaire est moyenne : les efforts sont de type statique prédominant : - les jambes sont bloquées : effort excentrique statique répétitif - équilibre et tension du tronc : effort isométrique statique - bras et avant bras : effort pliométrique dynamique - les mains et les doigts : effort isométrique dynamique La tenue du fouet engendre rapidement des crampes dans la main et l'avant-bras droits. Le menage de plusieurs chevaux est réputé nécessiter de la force, les avant-bras des meneurs à 4 chevaux sont développés. La pratique de l'attelage engendre des douleurs dorsales symétriques ( muscles du maintien des bras devant soi) Entrainement possible : musculation des membres supérieurs et des doigts. Gainage du tronc (abdominaux et muscles du dos). |
Vitesse | Capacité qui permet d'atteindre la plus grande rapidité de réaction et de mouvement. Principale forme de sollicitation motrice, elle fait partie des capacités de la condition physique (endurance et force) et des capacités de coordination. Elle renvoit également à la vitesse de réaction. |
La vitesse segmentaire présente la vitesse d'action au niveau des membres, surtout des bras : chaque demande de mouvement au cheval
est précédé d'une action du meneur, la rectification des "erreurs" du cheval demande une grande rapidité des reflexes. L'adaptabilité
et la réactivité du haut du corps est importante lors des secousses de la voiture encaissées par le bas du corps. entrainement : simulateur de guides, séance en tant que coéquipier. |
Mobilité | Capacité et propriété qu'à le sportif, d'éxécuter des mouvements de grande amplitude, faisant jouer une ou plusieurs articulations. Synonyme de flexibilité, souplesse, avec pour sous-catégories la mobilité articulaire et la capacité d'étirement. |
Une souplesse très modérée des muscles, des tendons, et des articulations peut assurer le liant avec la voiture au niveau des
jambes et de l'assise. entrainement possibles : étirements et assouplissements d' amplitudes modérées. |
Coordination neuro-motrice | Maitrise des actions dans des situations prévisibles ou imprévisibles, dans une exécution économique et rapide. Synonyme d'adresse, dépendante des processus de contrôle et de régulation du mouvement. Maitrise de situations motrices nécessitant une action rapide et ciblée. |
Le meneur exerce sa coordination lors du maniement des guides associées au fouet, dans des situations simples et complexes où il
a besoin d'analyser des informations extérieures dans le même temps que son action sur le cheval. La complexité augmente avec le nombre
de guides et de chevaux, chacun apportant sa part d'imprévisibilité. entrainement : simulateur de guides. |
Quelques définitions pour vous aider à comprendre le tableau :
voir le LEXIQUE : aérobie, anaérobie, VO2max, VMA, PMA, capacité aérobie, acidose musculaire, exercices intermittents, contraction musculaire
L'essouflement du meneur : le meneur n'est pas essouflé du fait d'une participation musculaire moyenne. Pour augmenter le volume d'O2 dans
les rares muscles sollicités, la fréquence cardiaque compense la faiblesse du volume d'éjection. Le rythme cardiaque peut également s'élever
à cause de facteurs environnementaux : vibrations de la voiture, charge émotionnelle lors des compétitions, dangers ...
Les meneurs "un peu sportifs" sont ceux qui pratiquent par ailleurs un autre sport, comme par exemple l'équitation, le travail monté de leurs
chevaux. Il existe un réel décalage entre la capacité technique des meneurs et leur condition physique. A l'inverse de beaucoup d'autres sports,
c'est la condition physique qui est négligée, au profit de la technique, car c'est elle, véritable manipulation de précision, qui est le
facteur déterminant de l'appréciation de la performance.
La Tactique Sportive
Le niveau technique détermine les possibilités tactiques. La technique est une succession de coordinations motrices idéales,
avec une possibilité d'adaptation à chaque individu. La tactique est un comportement rationnel, réglé sur les conditions extérieures et
sur la capacité de perfomance du sportif lui-même.
La tactique permet :
- d'influencer le déroulement du mouvement au cours de l'action pour s'adapter à un évènement survenu au cours de cette même action.
- d'engager des forces adéquates de façon énonomique
- de réussir à manipuler le déroulement d'une compétition dans des conditions variant constamment.
La tactique, c'est l'intelligence du jeu : savoir anticiper, avoir des solutions potentielles de rechange, connaitre ses possibilités et ses
limites pour s'engager à fond dans l'action. Elle passe par l'assimilation de comportements tactiques et dépend de capacités telles que la
volonté, l'esprit de décision, la maitrise de soi, le courage, la persévérance, la concentration et l'endurance dans la concentration. Elle
dépend également de la finesse d'analyse et de jugement permettant de prendre la bonne décision tactique.
En attelage, la tactique se manifeste dans :
- l'anticipation du comportement des chevaux et leur ré-organisation rapide en cas de désordre.
- l'anticipation et la préparation des mouvements, d'une reprise de dressage par exemple, et leur réajustements en cours d'action.
- le changement d'option dans le tracé des obstacles, pendant le franchissement même de celui-ci.
- l'organisation et la gestion des efforts des chevaux en fonction des difficultés de l'ensemble d'une compétition.
- le choix dans les prises de risques en fonction de ses capacités connues (physiques, techniques, psychologiques...)
- ...
La Psychologie
Le sport, surtout de haut niveau, impose des contraintes à l'organisme. Pour participer à l'amélioration des performances, il est
possible de mobiliser de manière récurrente et continue les ressources psychologiques du sportif, en complément des méthodes traditionnelles
d'entrainement.
L'entrainement psychologique permet :
- d'améliorer la récupération et les capacités physiques : hypnose, autosuggetion, relâchement musculaire profond...
- d'améliorer le processus d'apprentissage technique : entrainement mental, représentation psychique du mouvement sans exécution concrète, observation de la représentation motrice...
- d'éliminer les facteurs de perturbation psychique : hypnose, désensibilisation...
Eliminer l'ambition exagérée et toute forme de contrainte permet le succès, les performances s'améliorant à l'état de détente psychique.
Dans la discipline de l'attelage, la psychologie se manifeste par :
- l' endurance psychologique, c'est à dire la capacité à poursuivre les efforts et/ou subir des charges d'entrainement tout en maintenant l'interêt et la persévérance (motivation intrinsèque)
- la résistance psychologique qui permet de résister aux pressions de l'environnement, de gérer les expériences de réussite ou d'échecs.
- le contrôle émotionnel offrant la possibilité de mobiliser de manière stable et adaptée le potentiel psychologique : ne pas oublier sa reprise de dressage, l'enchainement des obstacles, les options étudiées... gérer le stress en situation d'incertitude ou d'enjeu... ne pas influencer le comportement du cheval par son propre état psychologique...
Lire aussi :
Les qualités physiques du cavalier
Bibliographie :