Les allures défectueuses
Les allures naturelles sont des coordinations motrices héréditaires. C’est à dire qu’elles sont effectuées d'instinct par le cheval ou le poney. Ainsi, le pas, le trot et le galop sont des allures naturelles, mettant en mouvement les membres de façon à adapter le déplacement du corps à une vitesse donnée. A chaque allure correspond donc un mécanisme spécial :
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Les allures déréglées
Les allures défectueuses, que l’on peut aussi qualifier d’irrégulières, ont leur origine dans une perturbation de la séquence innée des contractions musculaires. Cette perturbation de l’allure naturelle peut-être est due à une souffrance, une fatigue, un surmenage, un défaut de conformation, une hérédité ou à une mauvaise utilisation.
- Le traquenard
Il est aussi appelé « trot décousu » ou « trot désuni » : au trot le cheval se déplace par bipèdes diagonaux. Les membres opposés se posent et se lèvent en même temps, faisant entendre deux battues distinctes. Le cheval « au traquenard » dissocie le poser des bipèdes diagonaux, par anticipation des antérieurs sur les postérieurs ou des postérieurs sur les antérieurs. C'est une allure qui fatigue énormément le cheval et l'use prématurément, elle est provoquée par une vitesse excessive et on la rencontre souvent chez les trotteurs de courses. Un mauvais dressage peut aussi engendrer cette irrégularité. - L'aubin
Le cheval galope et trotte en même temps en dissociant cette fois-ci les bipèdes antérieurs et postérieurs :- soit en galopant avec les antérieurs et en trottant avec les postérieurs pour l’aubin du devant
- soit en galopant avec les postérieurs et en trottant avec les antérieurs pour l’aubin du derrière.
Amble et les deux aubins, du devant et du derrière
- Le saut de pie
C’est un mouvement que le cheval effectue au trot lorsque les antérieurs fonctionnent plus vite que les postérieurs. Comme pour le traquenard, cette irrégularité est due à une vitesse excessive. Pour rétablir la régularité, le cheval enlève sa croupe d’une pièce une seule fois, à la différence de l’aubin du derrière. Ce mouvement particulier s’appelle un « saut de pie ». - Le galop désuni
Le galop est une allure diagonale qui fait entendre trois battues. Le cheval a donc le choix de galoper sur le pied droit ou sur le pied gauche, le galop portant le nom du côté de l’antérieur qui est le dernier à se poser. Au galop désuni, le cheval dissocie encore ses bipèdes antérieurs et postérieurs :- en galopant sur le pied droit avec les antérieurs et sur le pied gauche avec les postérieurs
- en galopant sur le pied gauche avec les antérieurs et sur le pied droit avec les postérieurs.
Galop désuni, galop à 4 temps
Les allures, tout en restant régulières, peuvent présenter des défectuosités, impropres à certaines utilisations du cheval. Ces défectuosités amènent généralement le cheval à se blesser ou à glisser. Les membres, surtout les antérieurs, sont employés à rétablir constamment l’équilibre et se fatiguent rapidement.
- Le cheval qui rase le tapis lève insuffisamment les antérieurs, ce qui l’expose à buter ou se couronner.
- Le cheval qui trousse lève exagérément les antérieurs en fléchissant le canon sur l’avant-bras, il dépense des forces inutilement.
- Le cheval qui billarde porte ses membres antérieurs en dehors pendant la flexion et le lever, et les ramène à l'intérieur pendant l'extension et avant de les poser. On dit aussi qu’il est cagneux en marche.
- Le cheval panard en marche ramène ses membres antérieurs à l’intérieur pendant la flexion et le lever, et les porte à l’extérieur pendant l’extension et le poser. Le cheval est exposé à se couper.
- Le cheval qui forge frappe le fer antérieur avec la pince du fer postérieur et provoque le bruit caractéristique de la forge. La cause peut être une mauvaise ferrure, de la fatigue ou du surmenage, ou bien encore un vice de conformation du cheval sous lui.
- Le cheval qui se croise avance ses quatre membres, ou seulement les antérieurs ou seulement les postérieurs, sur une même ligne, c’est à dire l’un devant l’autre. C’est le fait de chevaux maladroits et mal équilibrés, ce défaut les expose à buter et même parfois à tomber.
- Le cheval qui harpe présente le défaut qui consiste en une fermeture complète, saccadée et rapide de l'angle tibio-métatarsien, c’est à dire du jarret. Dans les phases aiguës, le pied peut toucher le ventre. Le « harper » est souvent la manifestation de l’arthrose du jarret ou d'une évolution arthritique ankylosante dont l'éparvin calleux est la localisation la plus grave. C'est pour cette raison que le "harper" est également connu sous le nom d'éparvin sec. Cette évolution arthritique génère une distension des muscles et fait "harper" le cheval. On dit aussi que le cheval « éparvine ». Il atteint un postérieur, rarement les deux.
Quelques définitions : * Buter : le cheval heurte le sol avec la pince en marchant. On dit aussi « broncher ». * S’atteindre : le postérieur frappe l’antérieur. * Se couper : Il y a une plaie, une croûte, une cicatrice au point touché, entre les antérieurs, ou entre les postérieurs entre eux. * Se couronner : le cheval se blesse aux genoux en tombant. * Se friser : le pied levé salit le pied à l’appui. * Se taille : Le pied levé heurte le pied à l’appui causant une blessure. * Se toucher : Le pied levé heurte le pied à l’appui, le salit et finit par user le poil, sans atteinte. |
Allures relevées ? Un défaut ?Le Frison et le Hackney présentent une action naturelle au trot, impressionnante, surtout lors de leur utilisation à l’attelage : ils élèvent très haut les antérieurs avec les genoux pliés dans une action énergique, rapide et majestueuse. Le hackney projette ensuite ses antérieurs très en avant rendant le trot brillant et spectaculaire. |
Les allures particulières
Les allures particulières sont des allures naturelles spécifiques à certaines races. Comme les allures naturelles, elles sont génétiquement fixées. C’est le cas de l’amble, du tölt et du paso.
- L’amble :
Le cheval avance par bipèdes latéraux. Il lève et pose en même temps les deux membres du même côté. Cette allure à deux temps est marchée. L’équilibre du cheval est instable, mais très confortable pour le cavalier. Cette allure était recherchée au moyen-age pour effectuer les longues étapes car elle était rapide, et chez les haquenées, montures des femmes qui montaient en amazone, car elle n’était pas sautée. - L’amble volant :
Le cheval produit une phase de suspension entre les deux temps. - L’amble rompu : le tölt, le paso...
Le cheval avance par bipèdes latéraux légèrement dissociés, les postérieurs en avance sur les antérieurs, de façon à ce qu’il y ait toujours un membre au sol. Cette allure à 4 temps est toujours très confortable car le cavalier ne décolle pas de la selle, mais aussi très rapide.
Certaines races possèdent donc une ou deux allures supplémentaires.
- L’ ambleur ibérique : amble
- Le poney islandais : amble et tölt
- Le paso péruvien, le paso fino colombien et le mangalargo brésilien : paso qui présente 3 vitesses, paso fino, paso corto et paso largo.
- Le Tennessee walking horse : running walk, slow gait
- Le rocky mountain horse : amble rompu
- Le Missouri fox trotter : « fox trot » qui est une allure glissée à 4 temps.
- L’American Saddlebred : amble
Les allures particulières sont vraiment particulières !
Le chevaux présentant les différentes gammes de l’amble sont dits « chevaux d’allures ». Ces allures, rares et recherchées, peuvent être
obtenues en attachant ensemble les deux membres des latéraux du poulain. Il existe même des entraves spéciales pour le chevaux de courses
d’ambles américaines et canadiennes.
L’amble peut donc être une allure artificielle, acquise par le dressage.
L’amble est également une allure défectueuse, elle est alors un signe de fatigue et de surmenage. Il est d’ailleurs sanctionné dans les courses
de trot françaises.
« Si l’amble est un défaut contracté, l’assouplissement dans l’inaction, les allures lentes et progressives, aidées d’une bonne position de
tête et d’encolure, peuvent y remédier et ramener le cheval à des allures naturelles » Baucher.
Les allures artificielles sont acquises et stylisées par le dressage à partir d’une allure naturelle. Il s’agit des allures de haute école :
- le pas espagnol : coordination motrice du pas avec un soutien et une extension marqués de chaque antérieur.
- le piaffer : coordination motrice du trot, sur place et avec une cadence lente.
- le passage : coordination motrice du trot avec une flexion des membres plus accentués et une cadence lente.
Les allures, ce n’est vraiment pas si simple !Le galop à 4 temps : allure artificielle, défectueuse ou naturelle ? |
Bibliographie :