A mon petit niveau, ou
quand l’interview ne peut plus avoir lieu…
Il y a une communication
« attelage » sur les forums équestres, presque tous maintenant.
Parfois une partie est entièrement réservée à cette discipline sans la
mélanger, comme c’était le cas il y a quelques années, à « autres
disciplines » (sous-entendu « qu’olympiques »).
Tout le monde veut
essayer l’attelage, recycler son poney devenu trop petit, choisir une
discipline qui apparemment demande moins d’efforts, semble plus facile et
grisante… et surtout qui semble vraiment accessible à tous. Et « chacun y
va de son petit conseil ». Banalisation due à la communication facile
sur internet ?
Pourtant l’image pépère
de l’attelage ne date pas de l’ère « Internet ». Mon grand-père
attelait aux champs, tous nos aïeux savaient mener, les paysans le font… donc
ce doit être facile ?
Eh bien non !
L’attelage peut s’avérer très dangereux !
Sur les forums,
l’attelage est victime de son succès ? On en parle trop, on en oublie les
rappels sur la sécurité pour passer aux conseils, sans pour autant
savoir :
- qui reçoit le message,
- sa connaissance ou
méconnaissance du cheval et de ses réactions
- son inexpérience
complète ou son niveau d’expérience technique dans le travail à pied (sensé
faire partie de la formation du cavalier et qui n’est presque jamais abordé)
- ses compétences à
l’appliquer sans danger, ni pour lui-même, ni pour le cheval, ni encore pour
les autres.
Sans savoir encore :
- avec quel matériel qui
ressemblera au vrai matériel,
- adapté ou inadapté,
- ou même pas réglé
correctement,
- voire carrément
bricolé.
Tout cela semble
tellement logique qu’on oublie de le dire et le redire. Alors les conseilleurs
deviennent de « faux compétents ».
Comment empêcher, alors,
certaines personnes d’atteler seules ?
D’atteler seul, c’est à
dire à des niveaux différents :
- se lancer seul dans
l’attelage avec un équidé sans dressage préalable.
- se lancer, sans y rien
connaître, dans le débourrage ou le dressage d’un équidé à l’attelage sans
professionnel (ou personne d’expérience reconnue).
- s’improviser meneur en
achetant un cheval d’expérience, mais pas d’un niveau adapté à celui du meneur
(on ne s’initie pas avec un cheval de compétition).
Comment ?
- En refusant, chaque fois
que quelqu’un demande un conseil, de le lui donner (par internet) ? et
surtout si on n’en n’a pas les compétences ?
- En faisant des rappels
constants sur les dangers et la sécurité, en renvoyant vers les vidéos
d’accident ?
- En renvoyant
systématiquement ces personnes vers des professionnels ?
- En refusant de vendre à
des débutants (ou semi-débutants) des chevaux de compétitions internationales
surtout si ces « meneurs » ne sont pas encadrés ?
Mais on va nous
accuser : Qu’est-ce que nous voulons ?
- Développer la pratique
de l’attelage ou la réserver à une élite ?
Ce que l’on veut c’est
donner à l’attelage une image sérieuse et sportive, s’opposant à son
image pépère de pratique facile ?
Il y a, à ce jour et
selon le fichier de la Fédération, qui n’est certainement pas complet :
- 1897 clubs ou
associations affiliés qui déclarent l’attelage dans leurs activités,
- 444 qui déclarent la
pratique de l’attelage en compétition. Les niveaux ne sont pas précisés.
1897 clubs ou
associations, cela devrait rendre l’attelage accessible à tous, dans les
meilleures conditions de sécurité, non ?
Pourtant, comme toutes
les autres pratiques équestres (pour lesquelles les clubs foisonnent) et même
non équestres, les forums resteront des lieux de conseils. Parfois entre néophytes,
parfois entre amateurs, parfois et très rarement avec un professionnel…
Et ces
1897 structures ? Peut-on y trouver des conseils ?
J’ai été formée à
l’époque du BEES, avec l’option poney (carrément obligatoire par les temps qui
courent) qui nous permettait de toucher de très loin à l’attelage.
Cette formation n’est pas
suffisante (je le sais pour l’avoir suivie), pour pratiquer et faire pratiquer
l’attelage, ne serait-ce qu’en animation et ce pour des raisons de sécurité.
Le « moniteur
poney » ne sait pas mener. Dans la plupart des cas, il ne se rappelle même
pas comment on garnit, et encore moins comment régler un harnais (si il a été
attentif pendant les 5 minutes d’explication) ou même apprécier si une voiture
est adaptée ou pas à un équidé.
Il ne peut que se servir
d’un attelage « clef en main » sans problème … encore que j’ai été
témoin d’accidents par négligence et immaturité, même dans ces cas.
Si nous éliminons des
moniteurs poneys et autres animateurs (BAP, même niveau de formation) des
personnes compétentes pour faire découvrir la discipline et former des meneurs
EN TOUTE SECURITE, un doute nous assaillira quant aux 1897 clubs ou
associations répertoriés par la FFE… (Je ne parle pas des diplômés du Tourisme
Equestre qui n’ont pas de légitimité pour enseigner, mais sans doute mieux
formés au niveau sécurité).
Alors ? Où sont les
enseignants d’attelage ? Les vrais ? Ceux auprès desquels un débutant
peut se former ?
Quelles sont les écoles
qui forment des enseignants d’attelage ? Combien de moniteurs par
an ? Vont-ils vraiment enseigner l’attelage d’ailleurs ou faire autre
chose ?
Quelles possibilités pour
un moniteur lambda de se spécialiser après son diplôme ? Et d’acquérir une
légitimité pour enseigner cette discipline ? La compétition de haut
niveau ?… ça restreint ! Mais le contraire est faisable, alors
pourquoi pas ?
Les personnes désirant
s’initier à l’attelage devraient donc le faire au contact de compétiteurs ?
Avec quelle cavalerie ? Selon quels disponibilité de l’athlète de haut
niveau ? Ou bien ces profs de « haut niveau »
restreindraient-ils leur clientèle d’élèves parmis des meneurs déjà aguerris,
mais alors ? formés par qui ?
A mon petit niveau (avec
ma petite formation complémentaire auprès de différents meneurs), je n’enseigne
pas l’attelage.
Avec le matériel et les
équidés que j’ai, je serais bien prétentieuse ! J’essaie seulement de le
faire découvrir.
Tous les enfants qui font
des stages ou participent à des journées gratuites comme la journée du cheval
ou celle de l’attelage, ont vu comment garnir, atteler, prendre les guides,
monter en voiture, descendre… selon toutes les règles de sécurité que j’ai
apprise.
J’ai fait deux saisons
comme ça, « tout gratuit », ce qui m’a permis de prendre le temps
d’expliquer et de répondre aux questions, sans avoir à « en donner pour
leur argent ». Je n’aime pas cette mentalité du « je paie, je veux
consommer » concernant les pratiques équestres, qui va souvent de paire
avec l’irrespect du cheval, de la sécurité, et la recherche du moindre effort !
Un adulte a essayé 2
minutes une fois, il a cherché ensuite une école pour faire un stage. Il a été
conquis par son stage. Une maman aussi a essayé, elle croyait que c’était
facile de la barrière. Cela lui a plu.
Maintenant, j’ai une demande
pour les cours d’attelage. Mais qu’est-ce que je peux faire à mon petit
niveau ?
Je prends les enfants en
cours (2 maximum) à des prix dérisoires par rapport à ce que j’ai vu sur
internet et pas rentables. Je peux les amener gentiment au Galop 2. Mais
après ? Je dois les ré-orienter vers d’autres structures plus sérieuses,
plus équipées ou plus sportives, adaptées à leurs attentes.
J’ai contacté quelques
écoles d’attelage autour de mon club pour que ce ne soit pas trop loin pour
eux. Aucune réponse.
Enseignants de
l’attelage, où êtes-vous ?
Alors sur les forums, on
continuera de donner des conseils à ceux qui ne trouvent personne, parce que
l’obscurantisme est bien la pire des choses. Tachons seulement de ne pas
oublier les consignes de sécurité.
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