L'Attelage Pédagogique

cheval 
©Laurence Grard Guenard
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Le PIED

CHEVAL AU BOX

Tout le monde connaît l’aphorisme de Lafosse : « Pas de pied, pas de cheval » (cours d’hippiatrique, 1772). Sans négliger les autres parties du cheval, le pied a une importance capitale. La moindre négligence le concernant se paie par des affections quelques fois longues et difficiles à soigner. Dans tous ces cas, sans forcément aller jusqu’à faire boiter l’animal, ces affections rendent l’appui pénible voire douloureux et créent des altérations dans la locomotion de l’animal (Cheval qui marche sur des œufs).

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Canon : région comprise entre le genou/jarret et le boulet. Une partie osseuse sur le devant et une partie tendineuse derrière comprenant des ligaments et des tendons 

Tendons : tendons fléchisseurs

Boulet : articulation qui joint le canon et le paturon, et qui sert de ressort pendant la locomotion

Ergot et son fanon : production cornée recouverte d’une touffe de poils

Paturon : 1er os du pied : 1ère phalange

Couronne : formée par le bourrelet périoplique qui sécrète le périople et le bourrelet principal qui sécrète la paroi

Périople : sécrétion du boulet périoplique qui forme une couche superficielle qui descend jusqu’à environ 2.5 cm de la naissance de la corne et qui protège le sabot de l’évaporation. Le périople se confond en arrière avec le tissu de la fourchette

Paroi : corne dont la surface extérieure est lisse et la surface intérieure présente des lames adhérentes à la chair feuilletée. C’est également la partie résistante de la surface plantaire qui sert à l’appui. De sa force, de la qualité de la corne, de sa direction dépendent la bonté du pied, l’aisance des allures, et la solidité de la ferrure.

Glomes : partie postérieure molle et délicate correspondant au coussinet

Fourchette : en forme de V, faite de corne souple, elle recouvre le coussinet plantaire et se prolonge en arrière par les glomes

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Barres : La paroi ne se termine pas au talon, elle se réfléchit en dedans et sous le pied où elle forme les barres, plus ou moins prolongées vers la pointe de la fourchette

Sole : Fond du « boîtier corné» tourné vers le sol, sa forme concave lui permet de résister aux pressions et de protéger les tissus qu’elle recouvre. Elle ne peut à elle seule supporter l’appui lors d’une marche prolongée lorsque la paroi est détruite. Plaque de corne sèche s’enlevant par lames.

Ligne blanche : jonction entre la paroi et le bord de la sole

Lacune médiane : fend la fourchette en son milieu

Lacunes latérales : délimite la fourchette par rapport à la sole

Pince, Mamelle, Quartier, Talon : régions divisant arbitrairement la paroi

 

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Os sésamoïde : os jumeaux plaqués en arrière de l’articulation du boulet, formant entre eux une gorge dans laquelle glisse le tendon fléchisseur

Chair feuilletée : assure l’adhérence entre la troisième phalange (os du pied) et la paroi

Chair veloutée : assure l’adhérence entre la troisième phalange et la sole

Coussinet plantaire : masse élastique située au-dessus de la fourchette

Tendon extenseur : extension de l’os du pied

Tendon fléchisseur : flexion de l’os du pied

Fibrocartilages complémentaires : ou cartilages de conjugaison, plaqués de chaque côté entre le sabot et le bord supérieur de l’os du pied

Os naviculaire : appelé aussi « petit sésamoïde » servant de poulie au tendon fléchisseur

 

Les Trois rôles du Pied : Appui, Amortissement, Propulsion

 

L’appui : Comme vu au cours de la description, la partie principale assurant l’appui est la surface de la paroi en contact avec le sol, soit un arc de cercle, correspondant également à la surface de pose du fer. D’autres régions participent à l’appui comme la fourchette qui est en contact avec le sol lorsque le pied est posé, la sole également lorsque le terrain est suffisamment souple (on peut alors voir l’empreinte des pieds).

La Propulsion : Effort des membres du cheval qui poussent sur le sol pour avancer, reculer … mettant en jeu muscles, tendons, articulations.

L’amortissement : l’élasticité du sabot.

Le talon entre en contact avec le sol avant la pince. Le pied se pose à terre.

L’os du pied descend dans le sabot sous la pression du corps, il est freiné par la chair feuilletée qui empêche également la paroi de trop s’évaser.

L’os du pied et l’os naviculaire appuient alors sur le tendon fléchisseur, la fourchette et le coussinet plantaire.

Le coussinet plantaire, pressé entre l’os/tendon et la fourchette/sol, se trouve aplati et élargi. Il écarte les cartilages, qui provoque l’élargissement des talons, et fait gonfler en arrière la fourchette et les glomes.

Le pied revient à sa forme initiale dès le lever du membre.

NB : l’articulation du boulet en s’abaissant, participe également à l’amortissement des réactions pendant les allures.

 

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Lorsque la fourchette ne touche pas le sol (causes diverses : ferrure, entretien, conformation…), le coussinet est à peine écrasé, et l’amortissement est insignifiant. L’onde de choc est répercutée sur toutes les articulations du membre.

 

Autre conséquence :

Les forces provoquent une alternance de dilatations et de contractions des réseaux vasculaires du pied, ce qui favorise la circulation du sang et de l’oxygène dans les tissus du pied et des membres (le cheval a 5 cœurs).

Lorsque la fourchette ne touche pas le sol, la circulation du pied n’est plus assurée. La sole devient concave, la fourchette rétrécie et remonte vers le haut avec risque d’encastelure.

 

SOINS :

1)       Le pied doit être protégé par une ferrure adaptée. Les problèmes de conformations et même d’aplombs, défavorisant le rôle amortisseur du pied, peuvent être améliorés par des ferrures spéciales qui seront étudiés dans un autre article.

2)      Les soins quotidiens doivent être :

·         curer les pieds avant le travail

·         curer les pieds après le travail

·      graisser sans excès (1 à 2 fois par semaine) : le taux normal d’humidité doit se maintenir à 25%. Si la corne se dessèche, elle devient friable, l’épaisseur diminue, des fissures se forment. Si la corne est dans un milieu excessivement humide, l’évaporation de l’humidité interne du pied est ralentit, et les bactéries prolifèrent dans la fourchette. Attention, il existe un certain nombre de graisses/onguents astringents qui déshydratent la corne (composition : essence de térébenthine, formol ou acide phénique).

3)      choix des terrains : rien ne doit être susceptible de blesser le cheval. Dans un terrain profond, caillouteux ou inégal, ainsi que dans les pentes très accentuées, le cheval doit être au pas. Au trot sur les sols fermes et homogènes, au galop sur des terrains souples et égaux.

4)      L’exercice : Il augmente l’expansibilité et la surface du sabot, réduit les chocs en résultante, stimule la circulation sanguine, donc améliore l’élasticité et la qualité de la paroi, endurcit la sole, renforce les ligaments et les tendons soutenant les articulations et les protégeant par leur rôle amortisseur.

5)      litière en bon état : l’ammoniaque des crottins et de l’urine ronge la sole et participe à la pourriture de la fourchette.

 

PATHOLOGIE :

Boiterie

Encastelure : forme cylindrique, fourchette sans appui, sole enfoncée : allure piquée, démarche étriquée

Fourbure : inflammation des chairs feuilletées surtout aux antérieurs. Basculement de la 3ème phalange, traverse parfois la sole, perte du sabot dans les cas extrêmes.

Javart cartilagineux : plaies profondes au niveau de la couronne, abcès

Bleime : traumatisme de la chair veloutée, zone de nécrose

Clou de rue : abcès suite à blessure plantaire

Seime : fissures verticales dans le sabot

Cercles : reflètent des modifications de la circulation et de la nutrition des tissus du pied

Fissures horizontales : peuvent indiquer une intoxication au sélénium

Pourriture de la fourchette : eczéma, développement de bactéries suite à un mauvais entretien

Crapaud : idem en plus grave : consistance fromage blanc, eczéma

Crapaudine : eczéma sec de la couronne, craquelure sur la face antérieure du sabot.

Fourmilière : cavité accidentelle qui supprime l’union normale de la paroi avec le pied (s’introduit par la ligne blanche)

Fentes et sillons horizontaux : indique une intoxication

Maladie naviculaire ou syndrome podo-naviculaire : intolérance à l’extension inter phalangienne distale. Tendon fléchisseur profond distendu contre l’os naviculaire, les fibres peuvent se rompre, douleur, boiterie

Arthrose : atteinte cartilagineuse qui entretient une synovite. Lésion de l’os, lésions capsulaires et ligamentaires associées.

Arthropathie inter phalangienne distale (avec le naviculaire) : défaut d’extension, hyper extension, pied panard ou cagneux, pied bot, instabilité par élongation du fléchisseur profond.

Hyperostéose palmaire de la 3e phalange : ostéite

Zones de condensation osseuse et zones d’ostéolyse : surcharge, modèle jeune et lourd

Fracture de la 3e phalange : accident, appui asymétrique ou voltes serrées, traumatisme, boiterie

Ostéomyélite de la 3e phalange : complication après fourbure ou abcès.

Lire aussi :
galop9Le cheval domestique : mode d'hébergement

Bibliographie :
le manuel
Les fondamentaux de l'attelage Galop 1 à 7 - Laurence Grard Guenard